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en terre Viking
1 février 2009

Back to black

19 janvier

De retour au Nord après un mois passé chez les fromages qui puent, ma douce patrie.

C’est vraiment quelque chose de rentrer chez soi après une longue période, et puis de repartir. Les deux premiers jours, je ne me sentais plus chez moi dans cette France qui m’a pourtant vu naître. Le Danemark me manquait à travers de petits riens qui malgré tout comblent une vie. Voir déambuler des enfants danois dans une combinaison de ski alors qu’il n’y aucune piste de ski, l’odeur de lessive en rentrant dans l’immeuble de la cité U, crier de douleur en pédalant contre les forces de la nature sur les routes venteuses de Copenhague, parler anglais à des étrangers avec un affreux accent, parler français à des étrangers qui ont eux aussi un affreux accent. Et puis cette bulle que je me suis construite pour m’insonoriser du monde extérieur : le fait que mes conversations soient toujours protégées parce qu’incompréhensibles pour les autochtones, la permanente tranquillité d’une langue inesthétique grâce à laquelle je n’ai pas à écouter sans le vouloir les insipides paroles de mes contemporains.

Mais, comme dirait Léo Ferré, avec le temps va tout s’en va. Au bout d’à peine 3 jours cette soudaine mélancolie d’un pays dont j’ignorais tout il y encore 6 mois m’a abandonnée comme les vieux souvenirs d’une période à jamais oubliée. Je me suis réhabituée à lire, manger, boire et grommeler en français. J’ai repris goût à l’ire omniprésente à l’adresse d’un omniprésident, j’ai retrouvé la beauté de Paris et les bars de Rennes. Je me suis presque demandé si j’étais un jour partie. Comme quoi, quatre mois à l’étranger peuvent s’estomper au bout de 4 jours.  Le constat est consternant !

Pourtant, il a bien fallu y retourner dans ce foutu pays (en soi ce n’est pas un foutu pays, ce n’est juste pas le mien…). Après les deux heures d’attente réglementaires à l’aéroport, le pilote à l’appareil dentaire saillant nous a dit qu’il fallait changer d’avion à cause d’un problème technique. On nous a parqués dans un bus pendant de longues minutes jusqu’à ce que le personnel de bord vérifie l’état de notre nouveau joujou. A la suite de quoi, le steward m’a indiqué que j’étais assise près de l’issue de secours : « S’il devrait y avoir un problème, lisez le pictogramme pour savoir quoi faire ». Il avait bien appris son texte. Par contre, la grammaire, elle, en a pris un sacré coup (on t’a jamais appris à l’école que les « si » n’aiment pas les « ré » et que « je » n’aime pas le « thé »?!). Les fameux pictogrammes m’ont enseigné qu’en cas d’amerrissage d’urgence je devais « arracher la porte et la jeter en dehors de l’avion ». Mon âme de Mac Gyver a été pour le moins comblée ! J’essaie de m’imaginer en pleine tempête, avec les turbulences, la peur, les cris des passagers et le message rassurant du pilote appareillé, arracher une porte et l’expulser au dehors telle une bête assoiffée de sang. Hum… Je crois que j’aurais plutôt dégueulé l’intégralité de mon estomac sur cette foutue porte.

Trêve de conjectures. Nous sommes tout de même arrivés à bon port, sans jet de porte ni quoi que ce soit d’autre. J’avais toujours un peu mal au cœur d’avoir encore une fois tout à construire, en tout cas à consolider, pour tout redétruire dans à peine 6 mois. J’ai vissé mon chapeau sur ma tête et me suis mise en route, un sac devant, un sac derrière, comme une femme pleine d’un embarrassant embonpoint.

Une fois arrivée dans le métro, tout a semblé s’apaiser en moi. J’ai reconnu la voix familière de la madame qui nous dit à quel arrêt on est, j’ai posé les yeux sur ces sièges bleus bien connus, et, dans la chaleur du métro copenhagois je me suis rendue à l’évidence : ce n’est peut être pas ma patrie mais cela reste ma terre d’accueil et elle m’a pris en son sein comme son propre enfant. En arrivant dans mon couloir, j’ai croisé Yves qui rentrait dans sa chambre. Il m’a souhaité la bienvenue et m’a proposé de piller son frigo si jamais je manquais de quelque chose. Et tout est redevenu comme avant, comme si rien n’avait changé.

La France est redevenue cette lointaine contrée d’où me parviennent les maux et les joies éphémères de mes compatriotes et le Danemark mon provisoire avenir d’expatriée.

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Commentaires
M
enfin la reprise du périple nordique.....la suite....la suite.<br /> tu es sous le vent et nous sous la pluie.Berlin me rappelle de bons souvenirs. Ca te fais quoi d'être au côté de grands hommes? Ici ça se réchauffe un peu, des milliers de manifestants...c'est pas encore le grand soir; vivement le printemps. Tu seras de retour pour le feu d'artifice. Hasta la victoria. En attendant prends soin de toi<br /> <br /> bises
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