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en terre Viking
11 février 2009

Dans la blancheur de la nuit

Vite ! Il me faut un sujet sur lequel déblatérer car il est presque minuit et que dans le silence religieux de la nuit, le mélange du calme et de la mélancolie me titille l’esprit. A travers ma fenêtre, j’entends le vent pousser des hurlements. Il faut qu’elle sorte cette haine sourde tout droit sortie du ventre de la mer. La métaphore de mon état d’esprit s’exprime à travers lui. A croire que la Terre se soucie d’accorder sa torpeur à la mienne.

Cela fait des années que je me délecte de la liberté que m’offre la vacuité de mon emploi du temps pour pouvoir m’installer devant un point de lumière blafard et laisser mes doigts glisser sur le clavier. Quelle magie que le pouvoir des mots sur du papier froissé. Quand, comme moi, l’on éprouve des difficultés à exprimer sentiments et sensations par le biais de l’oral, l’on se complaît de cette satisfaction que représente la quiétude d’une page blanche, qui ne nous pose pas de questions, n’attend rien de nous. Elle ne veut rien savoir et je veux tout lui dire. Je me sens le courage de lui révéler les pensées qui restent coincées au fond de ma gorge tout au long de la journée.

Ma volonté de créer ce blog est sans doute d’abord née d’un désir narcissique que mon bien pâle quotidien soit enfin reconnu comme une histoire digne d’intérêt. Les lecteurs, même sans se soucier du contenu intrinsèque de ma vie, veulent lire l’article suivant pour éteindre le feu de l’ennui qui règne en eux. Dans un monde où l’on se lève avec les informations, où l’on se couche avec et où on les suit même entre ces deux points, la vie de n’importe quel inconnu devient pour nous l’objet d’un réaliste feuilleton. J’ai l’habitude d’écrire pour moi-même et je suis souvent fort peu satisfaite du résultat. Mauvaise syntaxe, banalité, complaintes incessantes, imperfection du mot par rapport à ma pensée initiale. Mais qu’importe puisque toutes mes maladresses ne sortent pas du cercle fermé que constitue mon rapport à moi-même et à mes mots. La donne est toute différente quand l’on écrit aussi pour d’autres. En permanence je crains que la révélation d’une pensée incongrue puisse faire de moi la victime d’opprobre, ou sans aller jusque là, d’amères critiques blessantes pour mon amour propre. J’ai toutefois remarqué que par mes écrits je peux toucher ou interpeller l’autre et que si j’ose me révéler je peux faire naître chez autrui la réflexion ou une certaine compréhension.

Ce soir je n’avais pas envie d’énumérer des faits sur ma vie à Copenhague. Ces petits riens qui m’interloquaient au moment de mon arrivée au Danemark ont laissé place dans mon esprit à de la froide normalité et je ne me sens plus toujours apte à différencier ce qui est étrangement danois de ce qui est ordinairement européen. Pour exprimer cette sensation de façon imagée je pourrai prendre l’exemple d’une photographie ou d’un simple objet que l’on acquiert et que l’on entrepose chez soi. Au départ, on ne cesse d’y jeter un œil et de se satisfaire du petit plus que cela crée dans notre environnement. Et puis petit à petit, l’élément s’intègre dans la pièce et fait partie des meubles. Copenhague et les éléments qui y gravitent sont mes nouveaux meubles. Bien que je ne m’en lasse pas, j’ai cessé de ressentir cette agréable satisfaction qui nous gagne à la vue de l’achat longuement désiré et joyeusement acquis.

De toute façon, dans l’implacable solitude de la nuit, les mêmes pensées souvent ressassées n’ont pas cessé. Et, de Rennes à Copenhague, la vicissitude du temps qui passe n’y pourra rien changer.

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